Ce n’est pas un secret. La malbouffe est mauvaise pour notre intestin. Heureusement, la nourriture peut aussi être très bénéfique, un atout pour maintenir une bonne santé intestinale.

L’alimentation est un médicament. Ce n’est pas un traitement au sens strict du terme, mais il conditionne l’état de fonctionnement de l’intestin, dont découle directement le fonctionnement de notre organisme. L’alimentation modifie l’état de l’intestin. Que se passe-t-il dans l’intestin lorsque l’alimentation devient défavorable ? Combien de temps faut-il pour que l’influence négative de l’alimentation devienne visible dans l’intestin ?

Régime alimentaire et maladie

Il est bien connu que le régime moderne, souvent qualifié de “malbouffe”, est néfaste pour la santé. Toutes les maladies chroniques dites de “civilisation” se développent rapidement avec ce type d’alimentation. On retrouve les pathologies où le lien avec les habitudes alimentaires est le plus évident comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, l’obésité, certaines maladies neurodégénératives, certains cancers, etc. Pour d’autres maladies, le lien est moins évident au premier abord, mais il est bien présent. C’est le cas de l’asthme, des allergies, des douleurs articulaires, des migraines, de l’hyperactivité, des cancers, etc.

Nous sommes nombreux à avoir expérimenté malgré néfaste de l’alimentation, avec les problèmes largement répandus de gaz, de ballonnements et, dans les situations plus graves et invalidantes, d’intestin douloureux, d’irritation de la muqueuse et de porosité intestinale. Les scientifiques ont récemment réussi à quantifier cette influence dans le temps. Ils ont constaté que l’alimentation moderne engendre très rapidement des modifications au niveau de l’intestin.

Muqueuse enflammée et microbiote intestinal déséquilibré

Pour établir leurs conclusions les chercheurs ont observé l’évolution de l’état de l’intestin sur des personnes adoptant une alimentation moderne occidentale ou un mode alimentaire de type africain. Pour estimer l’impact de l’alimentation, ils ont demandé à des américains d’adopter le régime alimentaire de type africain et à des africains de changer leur alimentation pour l’alimentation occidentale.

La présence abondante de viande, surtout de viande rouge, de graisses, souvent cuites, de produits transformés et raffinés sont des caractéristiques majeures de l’alimentation occidentale. L’alimentation africaine, quant à elle, est riche en fibres (fruits, légumes, céréales), pauvre en matières grasses et comporte peu de produits carnés.

Les résultats obtenus sont très intéressants. En seulement deux semaines, il se produit déjà des changements biologiques majeurs au niveau de l’intestin. Ces changements concernent le microbiote intestinal et l’état inflammatoire. Le régime occidental engendre la production de marqueurs biologiques de prolifération du cancer au niveau de l’intestin. Et cela est observé chez des individus sains, d’âge moyen. Il faut ajouter à cela l’évolution de la flore intestinale vers une flore de fermentation du sucre et des matières grasses, et de putréfaction des produits carnés, également connue pour accroître le risque de cancer de l’intestin.

Pour être sûr qu’il n’y avait pas de prédispositions quelconques dans les populations étudiées, les chercheurs ont imposé des échanges alimentaires. Le groupe ayant initialement l’alimentation occidentale est passé à l’alimentation africaine et inversement. Les changements alimentaires se sont accompagnés de la même évolution biologique concernant la flore intestinale et l’état inflammatoire des muqueuses.

Le régime alimentaire de type africain (riche en fibres, pauvre en gras et en produits carnés) réduit le risque de cancer de l’intestin, alors que le régime occidental augmente ce risque.

Réduire l’inflammation de l’intestin

Cette nouvelle étude confirme les résultats préventifs de l’alimentation, déjà obtenus par de nombreuses études scientifiques antérieures. L’importance des fibres alimentaires, avec la consommation des fruits et des légumes frais, la modération des graisses cuites, et des produits carnés ressort encore une fois. Ces paramètres sont plus conformes à l’alimentation pour laquelle l’homme est biologiquement adapté.

Voici quelques conseils alimentaires simples pour réduire ou limiter l’inflammation de l’intestin :

• Les fruits et les légumes frais composent la base alimentaire, permettant d’avoir une alimentation moins acidifiante.
• Il ne faut pas chercher coûte que coûte à se gaver de fibres, il faut privilégier les fibres douces pour l’intestin.
• Les viandes et les poissons devraient uniquement venir compléter l’alimentation et non représenter la base de l’alimentation. Leur présence n’est pas indispensable au quotidien. Il est même tout à fait possible d’équilibrer favorablement son alimentation sans en consommer.
• Un apport quotidien et abondant d’aliments carnés impose de limiter la présence d’autres aliments tels que les produits laitiers et les céréales.
• Les quantités de graisses sont à revoir à la baisse chez beaucoup de personnes. Sans chercher à faire la chasse au gras, les matières grasses ne devraient pas représenter plus de 25% de l’apport calorique total de la journée (contre une moyenne de 35 à 40% actuellement), sauf pour les personnnes qui supportent mal ou très mal les aliments glucidiques.

Source :

O’Keefe SJD, Li JV, Lahti L et coll. Fat, fibre and cancer risk in African Americans and rural Africans. Nature Communication. 2015. DOI :10.1038/ncomms7342